1 juillet 2008
Akphaezya Anthology II

2008 | Ascendance Records
Style : Musique inclassable et barrée
Note : 8.5/10

Quand un groupe appelle son premier album comme d'autres nomment leur 2e best of, et qu'il affiche un patronyme semblant signifier « inflammation du bulbe rachidien » en uruguayen (ou en tamoul, allez savoir … Non, je délire ?), l'auditeur averti se dit qu'il va sortir des trucs pas clairs de ses enceintes. Quand en plus on pousse l'investigation un brin et qu'on découvre que cet album est hébergé sur le label qui a sorti les derniers Unexpect, Pin-Up Went Down et Stolen Babies, on se doute qu'il risque bien d'y avoir pêle-mêle du nuoc mam, de la groseille, du piment et du caramel – voire une pincée de champignon qui fait rire - ajoutés à la traditionnelle recette de la galette metallique.

Et le pressentiment se vérifie assez vite ma foi.

Après une intro qui fait rappliquer à pas de velours une basse feutrée, des chuchotements de nymphes et une ambiance « Welcome in the secret valley of Thumbum Ka, the lustful Naiad », on se prend bien vite une cascade de clavier bavard enrobant un morceau riche en rebondissements, essentiellement axé autour d'un mélange de black metal symphonique et de female fronted metal, type Lacuna Coil / Within Temptation / After Forever (Désolé, je ne suis pas expert en la matière; dans le tas il y en aura bien un qui se rapprochera de ce que je veux pointer du doigt) mais donnant heureusement plus dans un metal/rock gorgé de swing plutôt que dans des niaiseries sucrées ... Et là, des fois que vous pensiez commencer à y voir clair, je vous rassure, ça ne donne pas du tout le ton de l'album puisque les surprises vont s'enchaîner les unes après les autres.

Avant de vous donner quelques aperçus supplémentaires des petites gâteries auxquelles se prête le groupe, essayons quand même d'expliquer de quoi il retourne ici, même si ce sera forcément un peu réducteur. Akphaezya se situe dans la lignée des groupes barrés avec jolie demoiselle au chant dont nos oreilles ont pu se délecter récemment: là où Diablo Swing Orchestra donne dans le Nightwish déconnant et sortant du cadre, là où les Stolen Babies font dans le circus / rock hyper vitaminé, là où Pin-Up Went Down fait dans le Carnival in Coal en moins death et plus éclectique, Akphaezya fait dans le Lacuna Coil (je vous épargne la liste précédente) qui pête un plomb, avec ambiance piano bar, intermèdes exotiques et swing à tous les étages. Le chant de Nehl rappelle celui d'Asphodel sur les passages “petite fille”, celui des grandes voix du metal féminin lors des envolées lyriques, et parfois celui de Kate Bush, si si … Ah, et j'oubliais: celui d'Angela Gossow quand elle donne dans le growl. On retiendra aussi – pour continuer dans la fiche technique – que la basse est toujours très présente, pleine de feeling et de groove, que les interventions de la guitare – qu'elle se la joue acoustique, bluesy ou bien juteusement métal - sont toujours pertinentes et jamais branletesques, et que la batterie est – dans le même esprit – entièrement au service des morceaux, ce qui veut dire qu'on va jusqu'à l'oublier tellement elle sort des rythmiques calibrées pile-poil comme il faut, sans en mettre une goutte à côté. Ah, et sinon si jamais vous aviez des doutes sur le niveau de la troupe, sachez que 3 des membres du groupe sont endorsés par des marques de matos (E.B.S., LNA …)!

Bon, il est sûr que ce piano, cette salsa, cet accordéon, ces passages blues, ces relents gothico-metal langoureux et les quelques délicatesses présentes sur cet Anthology 2 ne rassasieront pas les intégristes du blast et de la chasse au zombie par temps d'apocalypse grind. Mais que ceux qui sont ouverts, qui aiment quand ça swingue, qui apprécient les délires Bunglesques, les passages orientaux, reggae, les polyphonies chtarbées (excellent « Transe : H.L.4 ») ou les instrumentaux Satrianiesques (« Awake » a des faux airs de « Midnight ») se plongent dans cette petite pépite qui se révèle écoute après écoute. On ne résiste pas aux accents orientaux pris par Nehl, souvent arabisant (quoique si les « Shalaï am'Am », sur « Beyond the Sky », ou les « La Shinanana Yi-shina », sur « The Secret of Time », étaient plutôt yiddish, ça ne m'étonnerait pas) et parfois asiatisant (Welcome aux J.O. de Pékin à 3:48 sur « Beyond the Sky ») de Nehl. Dur de ne pas se prendre un gros pied et de claquer des doigts sur le délire metal bluesy de « Reflections ». Et comment ne pas quitter le groupe avec des étoiles plein les oreilles après la conclusion salsa / accordéon / circus Bunglien / invocations tribales / funk / reggae / blues de « The Bottle Of Lie », hein, à moins peut-être de s'être fracturé le petit orteil après l'avoir coincé dans la porte de la cave au moment où vous appreniez que votre femme vous trompait avec l'inspecteur des impôts ?

La musique étant en elle-même déjà très riche, et ma chronique très longue, je vous laisserai découvrir par vous même les univers visuel et lyrique que le groupe développe déjà et développera encore sur les 4 épisodes à venir de la saga dont « Anthology II » constitue bien évidemment le second mais tout à la fois premier pan – oh et puis merde hein, je refuse de vous expliquer l'a-chronologie dans laquelle se vautre le groupe! Retenez juste que voici encore sortir de l'écurie métallique hexagonale un nouveau poulain fougueux et inventif, et qu'il ne faudra sous aucun prétexte les manquer en première partie d'Unexpect et Sebkah-Chott à l'automne 2008.


cglaume 8.5/10
Thashocore

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