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4/5

AKPHAEZYA - Anthology Iv : The Tragedy Of Nerak (2012) Par VOLTHORD le 16 Avril 2012          Consultée 578 fois
Sa maman savait qu’il était bizarre, son papa s’en foutait un peu mais avait quand même fini par lui trouver une place dans la case "Divers". Déjà à sa naissance c’était un enfant prodige, qui n’avait pas froid aux yeux mais avait le feu aux fesses ! L’un des rejetons de l’avant-garde Gentille Mais Ultime à la française est de retour, et franchement, ça dépote.

J’ai l’impression d’en avoir déjà tellement dit sur le premier album de cette formation chouettissime qu’il m’est difficile de trouver des mots nouveaux pour décrire "Anthology IV : The tragedy of Nerak", qui dès les premières écoutes vous fout une baffe et qui se bonifie au fil des écoutes. Alors que l’année dernière PIN-UP WENT DOWN baissait un peu sa prestance et qu’UNEXPECT sortait complètement de ses gonds (pour le meilleur, le pire, et la déstabilisation totale), AKPHAEZYA n’est pas plus déphasé qu’il ne l’était il y a trois ans. Il a pris du grade et de la bouteille, son champagne fait encore plus de bulles et plus de dégâts, comme la formation n’hésite plus à mettre du gros blast dans son manège enchanté.

AKPHAEZYA jongle avec les styles avec un naturel déconcertant et une énergie exemplaire. C’est en cela qu’il se rapproche du premier effort de PIN-UP WENT DOWN, mais le cadre est bien différent, moins sombre, plus ‘naturel’. Un peu plus déjanté, un peu plus fougueux, tout aussi magistral et brillant qu’ "Anthology II", malgré une grosse caisse plus présente et une basse tapageuse plus que jamais mise en avant, "Anthology IV" ne paraît pas pour autant plus extrême, car sa violence semble toujours sous contrôle et n’empiète jamais sur sa mélodie et ses atmosphères.

Le groupe se permet d’être bouleversant dès un "Slow Vertigo" qui nous rappelle que Nehl Aëlin n’est pas seulement l’une des meilleurs chanteuses françaises actuelles, mais aussi une des meilleures chanteuses metal actuelles – c’est d’ailleurs un certain Jean-Pierre Jeunet qui produit son prochain album solo !
De claque en claque, AKPHAEZYA emprunte à MOTORHEAD ("Genesis", fuck yeah !) comme au cirque PINDER (haha ?), touche le jazz, le classique (ce "Transe L.H") , le beau, le grand metal atmosphérique et progressif, il déjoue les structures sans jamais perdre son auditeur, il laisse toujours une place fondamentale à un piano original, DRESDEN DOLLS-ien à souhait... et même mieux.
Il fait des danses indiennes et des signaux de fumée sur l’ultime "Utopia" pour se démener quelques minutes plus tard dans un déferlement cabaretteux qui ferait vaguement penser à du STOLEN BABIES, et nous relancer une mélodie, une mélancolie subtile et soyeuse. Et j’ai du mal à parler de "Nemesis" avec calme, tant ce titre déboulonne, avec sa rythmique furieuse mêlée à une folie douce qui touche au génie ! Déjà un des tubes de l’année !

Certes, lorsqu’il baisse son tempo, AKPHAEZYA manque cependant de taper vraiment là où ça fait du bien, son doom - ou du moins sa lourdeur - manque un peu d’ampleur et de drame sur "Hubris", sa mélancolie paraîtra un peu redondante sur "Harsch Verdict", titre quelque peu longuet, mais qui une nouvelle fois, dans ses dernières minutes, se jouera de nos impatiences avec ses castagnettes, son sombrero et le retour d’un soleil hispanisant, mêlé à une vraie, bonne montée mélodique que ne renieraient ni THE GATHERING, ni AKIN, ni qui-sais-je encore.

Ce seront les seuls morceaux un peu en dessous du lot, dans un album ambivalent, multicolore, dynamique comme jamais, et qui touche une forme d’avant-gardisme à la fois brillant, accessible et subtil, qui fait des pirouettes plus vite qu’il n’en faudrait pour lui coller une étiquette. Surtout, AKPHAEZYA fait vivre un univers fantasmatique, éthéré et étrange, ses efforts semblent toujours nous amener dans de grandes peintures hautes en couleur et en idées(l'album est d'ailleurs structuré comme une tragédie grecque) !

Un gros, très gros 4/5, qui pourra peut-être se transformer en note maximale dans le verdict de fin d'année ! Un groupe tellement incontournable que ceux qui n’aiment pas encore sont sans doute des gens mal informés.