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AKPHAEZYA - Anthology IV : The Tragedy of Nerak
Style : Metal ambitieux et barré

8.25/10

Les années 2007-2008 furent un cru exceptionnel en matière de free style metal œstrogénisé (sous-genre à l’existence et l’appellation non homologuées...): en effet nos platines virent alors débarquer coups sur coups les premiers albums de Diablo Swing Orchestra, Stolen Babies, Pin-Up Went Down et Akphaezya, autant de rondelles plus pétillantes et inventives les unes que les autres (rondelles = disques voyons, un peu de tenue!). Alors forcément, à l’heure où le titre des 3e albums de DSO et PUWD ont commencé à filtrer en divers recoins du web, on s’inquiétait un peu de ne pas avoir plus de nouvelles des orléanais d’Akphaezya, d’autant que leur ancienne maison-mère, Ascendance Records – label ayant fortement participé à cette vague de féminisation du metal barré – avait mis la clé sous la porte.

 

Mais en ce début 2012, on peut pousser – en chœur avec Nehl – un « Yé-lé-léïïï » de soulagement (ça change…), vu que le groupe nous revient enfin avec un second opus enregistré sous la houlette de Sylvain Biguet, couvé par les italiens de Code666, orné d’une magnifique pochette au style antiqu-omic, et d’ores et déjà précédé par « Nemesis », titre aussi fougueux que délicieusement osé, livré dans l’écrin d’un clip-cartoon tout simplement fabuleux (courrez voir ça ici). Bref, amenez le veau gras: le fils prodigue est de retour!

 

Et en effet, une fois passé « Prologue », intro « susurrements spectraux & effets aspirés » assez peu passionnante – mais qui finit habilement sur les 3 coups annonçant un lever de rideau imminent –, on rentre enfin dans le vif du sujet et le bonheur de retrouvailles pleines d'enthousiasmantes effusions. C'est que le groupe nous revient au top de sa forme et de la maturité d’un style qui combine – faut-il le rappeler? – metal racé, chant féminin aussi classieux que polymorphe, influences jazzy, basse rondouillette, pétages de câbles bien sentis et, plus généralement, une liberté totale de ton que seule autorise une maîtrise absolue de l’écriture et de la technique instrumentale. Vous aviez aimé Anthology II : Links From The Dead Trinity pour ses pauses piano-bar enfumées, ses ambiances féérico-fantaisy, ses longues pièces kaléidoscopiques, ses épopées romanesques et les grands écarts vocaux de Nehl? Rempilez donc pour Anthology IV, la cuvée 2012 continuant de miser sur cette formule particulièrement juteuse.

 

M'enfin attendez voir... Si si, il y a quand même du changement au sein de ce nouvel épisode: la tonalité de ce 2e album est sensiblement plus sombre que celle d’Anthology II – qui était, lui, plus insouciant, plus bondissant et plus barré. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit: Akphaezya excelle toujours dans la confection de morceaux aussi ambitieux que délirants, tels l’excellent « Utopia » (à l’effervescence foldingo rappelant les trips les plus fous de Pin-Up Went Down), la bourrasque « Nemesis », un « Slow Vertigo » multi-facettes où l’on croise ambiance indus/dance floor et violons, ou un « Dystopia » faussement assagi qui finit en danse rituelle afro-elfique. Sans parler de « Genesis », excellente bombinette de metal’n’roll dégoulinante de swing et de feeling blues, ou encore « Harsch Verdict », dont la fin est enluminée de stimulantes saveurs latines. Mais n’empêche, on sent comme un voile sombre recouvrir les ambiances d'Anthology IV  ce que l’ambitieuse et tragique histoire narrée sur cette petite heure de musique explique et justifie il est vrai complètement! Ceci transpire tout du long de l'album, sur cette intro et cette outro fantomatiques bien sûr, mais également sur la quasi-totalité des morceaux – dont l’inévitable « Hubris », qui prend parfois des allures de véritable messe funéraire. Mais c'est encore sur les morceaux « Trance - H.L.4 » / « Trance - H.L.2 », présents sur chacuns des opus, que la différence de tonalité entre les 2 épisodes akphaezyiens se manifeste avec le plus d'évidence: là où le 1er titre offrait une expérience festive et joyeusement chamanique, le nouveau est une pause mélancolique façon B.O. du film « La Leçon de Piano ». OK, ce détail n'a pas valeur de démonstration, mais il n'en reste pas moins emblématique.

 

Mince, mais il semblerait à la relecture que le paragraphe précédent prenne des tonalités un peu négatives!!? Tatata, ce n’est pas du tout la grille de lecture à adopter pour tirer des conclusions quant au contenu de ce nouvel opus. Anthology IV : The Tragedy Of Nerak est un excellent nouvel album des prodiges d’Akphaezya, et même si je me reconnais plus dans des albums qui respirent le groove enthousiaste, l’entrain joyeux et le shoot multi-vitaminé, les sombres recoins à l'ombre desquels le groupe a fait pousser ce nouvel opus accouchent d’un nouveau petit chef d’œuvre qu’il me tarde de posséder en version physique (grmbl#%$ de promos numériques!)! Si vous êtes fans de musique métallique ambitieuse, œcuménique et avant-gardiste (... disons plutôt "aventureuse" puisque le groupe n’aime pas forcément être prisonnier de ce qualificatif), ruez-vous sur ce nouvel album qui devrait avoir les honneurs des classements de fin d’année prochaine!

 

 

 

 

 

La chronique, version courteAkphaezya livre la 1ere grosse sortie de metal barré, ambitieux et classieux de l’année 2012, avec un 2e opus qui ne décevra pas les amateurs éclairés d’Anthology II.


Cglaume
le 23/02/2012